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Vie dans la forêt entre RER, R.Nationale 19, R.Départementale 136, Communauté de communes du Haut Val de Marne

témoignage basé sur des faits réels, au hasard d'une rencontre (...)

Le bois du petit val et le domaine du Piple, un espace naturel à protéger

C'était l'hiver. Un hiver froid. Je longeais depuis de longues années ce morceau de bois de l'est parisien. Las d'une journée de travail dans l'ouest parisien, à l'autre bout de l'Ile de France, assis dans le wagon du RER A qui longeait la lisière d'un bout de forêt, je me demandais à quoi pouvait servir cette parcelle aux portes de grands axes routiers. Elle empiétait, limitait les extensions de nouveaux périmètres immobiliers potentiels, freinait les projets de promotion immobilières et la création de résidences de standing, l'éventuelle construction d'un centre commercial, le passage d'un futur grand axe routier si utile aux déplacements - Une entrave à l'arrivée de nouveaux capitaux pour certains et à la libre circulation des hommes.

Les mois passèrent. On était début Mai, un jour de Printemps 2005. Les premiers bourgeons faisaient leur apparition. Je décidai ce jour là de pénétrer avec mon chien dans cet univers sombre que je longeais depuis tant d'années et dans lequel je n'avais jamais mis les pieds: " le Bois du Piple ". Un panneau indicateur qui bordait la départementale " Attention, Traversée de grands Animaux " semblait être le seul témoignage d'une éventuelle présence sauvage. Dans le sous-bois, au raz du sol, surgissaient des muguets, des fleurs solitaires, d'autres herbacées composés de multiples couleurs. Incapable de mettre un nom sur la plupart des plantes qui surgissaient de terre, je continuai ma promenade.
Un peu plus loin, je croisai un vieux Monsieur. Il vivait entre la ligne A du RER et le haut mur de pierres qui délimitait le domaine privé du Piple constitué d'un château, d'un étang et d'un grand parc. L'homme semblait robuste malgré son dos courbé, ses épaules enfoncées et les nombreuses rides qui creusaient son visage. Son abri était composé d'un toit de taule, de cuves en fer, de bassines de plastiques qui contenaient les résidus de l'eau de la veille. J'appris plus tard qu'on lui amenait des bidons d'eau potable. Son regard était tourné vers le sol. Il avait l'air propre sur lui. Je le saluai de loin. Le vieil homme me fit un signe de la main et j'allai à sa rencontre.


- Il fait frais ici, que je lançai, sans savoir que dire d'autre !
- Ca va.
décidémment je ne savais pas quoi dire ... Je me tus. Il finit par parler comme s'il était heureux de pouvoir s'adresser à une personne qui l'écoutait.
- Je m'occupe du Domaine du château du Piple, qu'il ajouta.

Des habitants du coin m'avaient dit qu'un SDF vivait dans la forêt. C'était le choix d'une vie précaire loin des centres pour SDF. Plutôt SDF par obligation. Mais il n'avait pas l'allure d'un clochard à cet endroit. Son titre de Gardien du Domaine du Piple, il se l'était sans doute approprié. Une fierté - une des dernières qu'il parvenait à conserver à l'abri des regards, des nuisances sonores de la voie rapide.

- Dévie à gauche du taillis un peu plus haut. Y'a des daims et un petit.
Je m'éloignai à l'extrémité gauche en direction des habitations en lisière du sous-bois. Derrière le mur troué du domaine du chateau, des plantes sauvages avaient colonisé les sols. Au loin une grande mare... Je me retournai après une centaine de mètres. Le vieux m'observait. Il me fit un signe de la main.

Je pris ça comme un signe de reconnaissance. (...)

***

La liaison entre le bois du petit val et la forêt de Gros Bois, une liaison biologique à étudier.
Je remontai un chemin qui serpentait entre les taillis. Une route départementale avait coupé depuis longtemps les deux massifs. Celui constitué par le bois du Piple et du petit Val avec le reste du grand Arc Boisé. La communication s'étiolait avec un autre massif forestier plus à l'est - une zone d'espaces naturels qui avait résisté jusqu'à ce jour aux infrastructures humaines en béton armé. De l'autre côté de la Départementale, derrière un grand mur de vieilles pierres, c'était" Gros Bois " - une réserve naturelle parsemée de grandes étendues herbeuses, de chênes et de grands châtaigniers. Les petits et les grands mammifères sauvages y vivaient dans une relative tranquillité. Pour les habitants de Boissy-Saint-léger et de Sucy-en-Brie, la Nature semblait omniprésente aux portes de leurs pavillons. Je pénètrai dans la forêt par une grande allée. Un panneau accroché à un chêne vert rappellait le nom du lieu au randonneur qui se serait égaré : " Allée du Piple. " - le nom évoquait les réminiscences d'un lien historique entre le sous-bois et la forêt de gros Bois. Ce lien suffirait-t-il à sauver le sous-bois des appétits d'urbanisation ? Certainement pas.
Sur la gauche, en relevant la tête, j'apercevais une ligne à haute tension qui traversait la forêt de part en part. Certes les grands arbres avaient été coupés sur toute la longueur. Mais un périmètre de tissu végétal s'y développait grâce à la lumière plus intense qui y pénètrait. Les mousses colonisaient les surface au pied des arbres. Les fougères se redressaient. Des herbacées à longues tiges ligneuses sortaient du sol. La forêt de GROS BOIS, domaine public, était coincée entre la nationale 19, la commune de Boissy-saint-léger, celle de Sucy-en-Brie et un haut mur prolongé au sommet de barbelés : la propriété du "cheval français" qui occupait plus de la moitié du territoire de la forêt de GROS BOIS...

***

Liaison biologique entre la forêt de GROS BOIS et la forêt de La grange, un espace à recréer

Je pris un agréable chemin "l'allée du lapin" vers le sud ouest. De chaque côté, c'était la forêt, une vraie forêt, une forêt vivante avec des chènes, des fougères, des landes, des mares, des futaies où se cachaient sangliers, renards, chevreuils, tous les grands animaux de la forêt. Au bout de quinze minutes de marche, je tombai nez à nez avec un immense grillage de barbelés. De l'autre côté, la nationale 19 (RN19) coupait le massif forestier en deux. Aucun moyen d'aller plus loin. Des milliers de véhicule/heure qui circulaient sans discontinuer. Un rempart inranchissable. Et pourquoi n'y aurait-il pas un moyen de passer de l'autre côté, sans devoir affronter à pied nos bolides d'acier si utiles à nos besoins de déplacements ? Permettre de rejoindre à pied, à vélo, à cheval le chemin rural de Yerres, les chataigniers de Gros Bois, la coulée verte de l'interconnexion TGV (un bel ouvrage écologique). Les projets routiers sont capables de tout. Je tentai d'effacer de ma mémoire les propos d'un ancien élu dont j'ai oublié le nom et qui avait dit : "les chevaux passeront au feu vert"! ou bien "on fera un long tunnel aéré sous la route ou passeront tous les petits animaux, les randonneurs, les écoliers... Les voitures et les poids lourds seront bien haut au dessus de leurs têtes..."
je l'avais observé sans dire un mot tant son propos si brutal m'avait décontenancé!"
"'y'a pire ailleurs qu'il avait ajouté !"
'"c'est vrai, on peut trouver pire qu'une voie express au dessus de sa tête, avais-je répondu !"

La forêt de La grange